CHERS ENSEIGNANTS

Chers Enseignants,

 

Je vous écris parce que je recueille des histoires liées au mal-être, à la difficulté à communiquer, aux différents problèmes qui se manifestent à cause du silence. L’enseignant est celui qui « enseigne à apprendre » partout dans le monde. C’est le premier contact avec le monde extérieur, l’autorité hors du contexte familial. Parfois, là où il existe un vide culturel, des conflits familiaux, vous êtes la seule référence « saine » de l’enfant ou de l’adolescent.

Je reconnaissais déjà l’importance de votre rôle, mais maintenant que je me rends aussi dans les pays voisins, je découvre qu’il n’y a pas de différence. L’école est cruciale. Un enfant en difficulté est un petit égaré, un garçon ou une fille en difficulté « sont des âmes perdues »

Je lis que les adolescents isolés en classe interrompent leurs études au collège. Je lis que des jeunes rongés par leur phobie sociale, incapables de parler, se voient contraints de faire des excuses.

Un geste si banal qui pour eux s’apparente au fait d’escalader l’Everest, alors qu’ils souffrent de vertige

Chers/chères enseignant(e)s,

Je sais que vous devez gérer des classes surchargées, que vous travaillez énormément, mais sans votre collaboration les enfants, les adolescents en difficulté ne peuvent s’en sortir. Ce garçon là au fond de la classe qui ne parle pas, ne joue pas, ne participe pas, que vous ne parvenez pas à « évaluer », cette fille qui veut vous apporter ses réponses par écrit alors qu’elle se trouve face à vous, derrière leur silence se cachent des milliards de réponses qui refusent de sortir, un arc-en-ciel d’émotions, une joie de vivre immense. C’est légitime, c’est normal que vous ne puissiez pas le deviner, mais si les parents vous fournissent des informations, tenez-en compte.

Vous connaissez leur silence. Vous exercez un métier difficile. Je vous admire énormément, car vous avez une grande responsabilité. Il vous faut posséder un « équilibre psychologique » important pour gérer toutes ces vies en pleine effervescence, et bien sûr les enfants en difficulté ne vous rendent pas la tâche facile.

Mais si je vous écris, c’est parce je suis convaincue que s’il existait une étroite et active collaboration entre la famille, l’association Ouvrir la voix (Groupe d’entraide et d’informations sur le mutisme sélectif), et le psychothérapeute s’il est interpellé de l’enfant ou de l’adolescent concerné et vous, ce dernier disposerait de beaucoup plus de possibilités d’évoluer dans la vie.

Je ne fais pas référence au fait de parler, mais à celui de progresser et d’acquérir une confiance en soi.

Adriana Cigni

Éditrice

doisneau1

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