La fenêtre de l’école

La fenêtre de l’école

(Traduction de Salvatrice Sander)

 

 


Let the blue sky in

Je vis une période difficile et en même temps merveilleuse avec mon fils de 11 ans.

Comme il le dit lui-même, il est dans la « préadolescence ». Je n’angoisse pas à l’idée qu’il ne soit plus un bébé, au contraire je suis heureuse que chacun de ses pas le mène vers une plus grande autonomie, c’est seulement que ce passage est difficile, on le sait. Il veut prendre son envol mais a encore peur du vide. Les bras protecteurs de sa maman et de son papa sont trop rassurants pour qu’ils soient délaissés sans aucun traumatisme.

Il me rappelle moi à son âge.

Je n’ai aucune nostalgie de cette époque. D’un point de vue physique, j’étais, comme tout le monde, dans une période de transition. J’étais très maigre et j’arborais un véritable catalogue de complexes.

Mon leitmotiv était “la nouvelle me remplit de joie » que je répétais sans pudeur à ma mère au tempérament plutôt explosif. Imaginez que vous ayez la migraine, que vous le fassiez savoir à voix haute et que votre fille vous dise « la nouvelle me remplit de joie », sans la moindre expression comme un mantra.

Il y avait de quoi énerver même les plus calmes.

Depuis quelques temps, mon fils répète « c’est pas juste », comme une éternelle victime, quoique je lui dise (une liste de demandes d’une mère cruelle : range au moins ton bureau, ton blouson froissé, suspend-le dans l’armoire, tu pourrais chercher la deuxième chaussette ?), mais en général il fait mine de ne pas m’entendre.

Oui, il en est ainsi.

Je lui parle en me tenant tout près de lui, et lui feint d’être concentré-absorbé par d’autres activités (exemple : regarder l’écran de la télévision ou de l’ordinateur ou autre ; étudier de la musique ; apprendre le script pour son cours de théâtre).

Quand je me place ma grosse tête devant son petit visage, alors, il ouvre grand ses yeux de biche et me dit « mais oui, j’ai compris » et il sait que je ne peux lui résister.

Cependant ce ne sont que quelques moments, il y en a tant d’autres que nous passons ensemble.

Il y a quelques jours, en sortant de l’école, il m’a dit : « Maman, j’étais en classe, assis près de la fenêtre et j’ai regardé dehors ». Tu étais là, tu es arrivée avant tout le monde.

J’étais heureux de te voir là dehors à m’attendre, cela m’a fait du bien.

Je ne sais pas pourquoi. Pourtant je sais que vous êtes toujours là.

Mais aujourd’hui, c’était différent. Je me sentais en sécurité. »

Emotion à gogo.

Je me suis sentie différente, moi aussi.

J’ai pensé à lui quand il sera grand.

Comme si nous avions créé un très beau souvenir.

Moi qui ne parviens pas à débarrasser mon cœur du vague sentiment de caractère inapproprié lié à « mon ressenti de maman ». Mais cet événement m’a donné un beau choc. J’ai eu un sursaut de prétention.

Allons Adri, tu as fait de ton mieux…

Je ne sais pas pour vous, mais, pour moi, chaque jour est une conquête et une découverte.

Une chose est sûre, je me mets en colère, je crie mais quand je suis seule je cherche à me souvenir  de la petite Adriana de 11 ans, et je comprends un peu.

 

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